Face à la progression de l’armée russe, les allemands quittent le camp. Une première brèche dans le mur d’enceinte permet aux déportés affamés de se ruer sur un silo de betteraves rouges crues situé dans un bâtiment agricole à proximité. « Ce n’était pas très recommandé mais on avait tellement faim… on ne pouvait pas résister. » Les combats faisant rage, Bernard Duval et Bernard Boulot décident de revenir au camp pour la nuit.
Le lendemain, les Russes prennent le lieu. « Avec les autres déportés, nous nous sommes précipités vers eux et nous les avons soulevés, malgré nos peu de forces ».
Libres, Bernard et six camarades prennent la direction de la France, aidés d’une boussole et d’un réveil. Le trajet du retour sera long. Malgré leur faiblesse physique – Bernard Duval avait perdu 20 kg, son ami Bernard Boulot n’en pesait plus que 35 –, le groupe parvient à parcourir 140 km à pied : « nous étions tellement faibles, on faisait des pauses et on mangeait ce que l’on trouvait dans les champs, les fermes… »
C’est sur la route qu’ils apprennent la fin de la guerre, le 8 mai 1945.