Le prix Jeune création de la Ville de Caen récompense le parcours d’un artiste de moins de 30 ans. Lauréate 2022, Géromine Gautier remporte une bourse de 6 000 € et la mise à disposition d’un atelier courant 2024.
Géromine Gautier, l’art et la matière
Talent caennais
Publié le
17/04/2023
On l’appelait Joaldunak, 2020-2022, chanvre, crochet de boucher, chaîne en inox, 180 cm
© Gottstein MichèleLaine, latex, cheveux, crins… les matières naturelles, organiques, sont omniprésentes dans le travail de Géromine Gautier, sculptrice de 26 ans. « C’est une manière de pouvoir parler de soi, de l’intime. Il y a toujours quelque chose de très personnel, viscéral, dans ce que je fais et qui en même temps peut résonner avec beaucoup de gens. »
Ancienne élève de l’École supérieure d’arts et médias (ésam), l’artiste travaille chaque détail : les associations de textures, le geste, la symbolique de chaque matériau ou encore le titre.
« J’ai besoin de digérer les informations, les ruminer, les décomposer, explique-t-elle. Il y a une grande part de travail préparatoire mental, je ne choisis rien au hasard. Si je déchire une matière, ce n’est pas la même chose que de la couper. Mon travail est un dialogue : entre moi et la matière, entre les matières elles-mêmes ou encore entre les œuvres et le spectateur. Je recherche un équilibre en permanence. »
La sculpture et les mots
D’abord intéressée par la photographie, la jeune femme bifurque vers la sculpture après avoir découvert le travail d’Eva Hesse, un « vrai coup de cœur ». Piochant aussi bien dans la philosophie que dans la poésie, Géromine cite aussi Liliane Giraudon, Gaston Bachelard ou, plus récemment, Dora Jeridi parmi ses influences. Elle revendique des œuvres évolutives.
« J’avais exposé un tapis en latex naturel à l’ésam. Avec l’air ambient et l’humidité, il a commencé à blanchir ! L’œuvre n’avait plus le même aspect et le poème qui y était gravé avec presque disparu. J’aime beaucoup ce côté vivant. »
Prix jeune création 2022
Lauréate du prix Jeune création 2022 de la Ville de Caen, la sculptrice y voit « un super coup de pouce. Je n’en reviens pas de l’avoir eu alors que je sors tout juste de l’école. Ce n’est pas que financier, c’est aussi une aide à la professionnalisation. »
Actuellement en résidence à Poitiers jusqu'en juin, Géromine n'en oublie pas sa région de cœur : « ce n’est pas moi qui ai adopté Caen, c’est Caen qui m’a adoptée ! »
Date de publication: 17/04/2023