À 37 ans, le franco-britannique Seb Toussaint partage sa vie entre Caen, Londres et Lille. Artiste muraliste, il s'est lancé depuis 12 ans dans le projet "Share the word" et habille de ses fresques colorées des quartiers aux quatre coins du monde... ainsi que dans sa ville natale.
Seb Toussaint, globe-graffeur
La fresque "Fiu du Tans" rend hommage à l'histoire de la ville.
© Ville de Caen / A. KourilenkoLa fresque du pont de Vaucelles, c’est lui ! Œuvre emblématique du Millénaire, Fiu du Tans – « Fil du temps » en Normand – rend hommage à la ville et à son histoire.
« J’ai pris énormément de plaisir à peindre ici, sourit le muraliste Seb Toussaint. C’était une belle occasion de célébrer ma ville. »
Inspiré par la forme longiligne du pont, il y voit l’opportunité de créer une frise chronologique où chaque zone dépeint une date clé de la cité millénaire :
« Il y a le mot Caen au centre, bien sûr ! À gauche, les épisodes les plus anciens et, à droite, les plus récents. »
Parviendrez-vous à repérer toutes les références cachées dans la fresque ? « Il y a des symboles plus difficiles à décrypter que d’autres », prévient l’artiste, qui s’est appuyé sur l’expertise d’historiens.
La fresque "Avenir" est située en haut de la venelle Sainte-Anne, sur le côté de la Maison de quartier.
© Ville de Caen / J.-Ch. LorieuxL’église Sainte-Thérèse et la venelle Sainte-Anne portent elles-aussi les œuvres XXL du franco-britannique.
« Il y en a d’autres mais elles ne sont pas visibles dans l’espace public. J’espère pouvoir en réaliser plus dans les rues caennaises ! »
Car à l’international, Seb Toussaint a déjà constitué une solide collection : ses créations ornent les façades de Bogota (Colombie), Sucre (Bolivie), Caracas (Venezuela), Djakarta (Indonésie), Bangkok (Thaïlande)…
Share the word project
« Je vais dans des quartiers défavorisés, des favelas ou des camps de réfugiés.
C’est le concept du "Share the word project" : rencontrer les populations les plus démunies et habiller les murs avec des mots que les habitants ont choisis. »
Lancé en 2012, après un an de tour du monde à vélo entre amis, son projet est auto-financé pour garder « sa liberté ».
« Je voyage deux fois par an, pendant un mois à chaque fois. Sur place, je peins 8 à 10 fresques en moyenne.
C’est le fil rouge de mon travail, cela permet de mettre un coup de projecteur sur le quartier et de valoriser les habitants à travers le choix de leurs mots. »
Seb Toussaint peint sans croquis, de manière spontanée.
© DRUne initiation bien cadrée
Supporter du Stade Malherbe depuis son plus jeune âge, c’est dans la tribune Luc Borrelli qu’il s’initie à son art.
« J’ai toujours aimé peindre et dessiner. À 16-17 ans, j’ai été repéré et on m’a proposé de créer des tifos - toiles déployées sur la tribune au moment de l’entrée des footballeurs sur le terrain -. J’ai produit de grands formats qui étaient vus par des milliers de personnes. »
Il aiguise son travail des couleurs « rouge et bleu évidemment, avec un peu de jaune normand » et, sous la houlette de son mentor Gillou, apprend à utiliser la bombe aérosol.
« Il m’a beaucoup poussé à m’entraîner pour avoir une bonne coordination. Quand on réalise un mur, on peint avec le corps entier ! Faire un trait droit et net à la bombe, c’est possible. »
Le stade comme source d'inspiration
Aujourd’hui encore, Seb Toussaint peint sans croquis, de manière spontanée.
« Ça me permet d’aller assez vite et de réfléchir simultanément sur différentes zones. Je m’inspire de l’instant et du lieu. »
S’il n’a pas fait d’école d’art, il insiste : « sans les gens du KOP qui m’ont encouragé, comme Olaf, Dudu… je pense que je ne serais pas devenu artiste. »
Il continue à fréquenter le stade d’Ornano, à la fois berceau artistique et source d’inspiration inépuisable.
Date de publication: 06/11/2025






