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Permet de classer les actualités dans l'onglet 80e créé pour Mai-Août 2024.

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9 juillet 1944 : "Les Caennais ont participé à la libération de leur ville"

Compagnie Fred-Scamaroni

Initialement prévue dès le 6 juin 1944, la reconquête de Caen faisait partie des objectifs majeurs des Alliés. Il faudra finalement plus de six semaines aux forces britanniques et canadiennes pour parvenir à libérer la ville, libération dans laquelle les résistants caennais ont joué un rôle.

80e anniversaire de la Libération de Caen - découvrir

Dans l'après-midi du 6 juin 1944, les troupes britanniques et canadiennes fraîchement débarquées ont un objectif majeur à atteindre : Caen, principal nœud de communication de la Normandie. Mais leur avancée est bientôt stoppée par une défense d’acier.

"Les renforts allemands sont arrivés très vite avec notamment deux divisions blindées, la 21e Panzer et la 12e SS Panzer qui ont eu le temps de se positionner sur des points d’accès et lieux stratégiques afin de verrouiller l'ouest et le nord de la ville, explique l’historien caennais Stéphane Simonnet. Pendant les semaines qui suivent, les offensives de Montgomery ne font que de se heurter à ce mur."

L'opération Charnwood, décisive

Le chef du 21e groupe d'armées harcèle les positions allemandes et tente plusieurs "mouvements tournants", mais rien n'y fait. Les Alliés restent bloqués. Près d'un mois après le Débarquement, les 4 et 5 juillet, les Canadiens parviennent à s'emparer de Carpiquet, l'aérodrome reste cependant aux mains des Allemands.

"Le 7 juillet, l'État-major allié abandonne les manœuvres de contournement pour revenir à une attaque frontale sur Caen. L'opération Charnwood est préparée par un bombardement massif du nord de la ville. Sur une zone de 6 km², 450 bombardiers vont déverser le soir-même 2 500 tonnes de bombes."

Le bombardement aérien fait subir de lourdes pertes humaines et matérielles aux forces allemandes. "Il n’épargne pas non plus la population : plus de 300 civils caennais sont tués."

Des soldats britanniques entrent dans la ville par la rue du Vaugueux.

© Archives municipales de Caen

Le 8 juillet, au petit matin, trois divisions d'infanterie alliée soutenues par des blindés s'engagent au sol. Les combats sont acharnés et obligent les Allemands à se replier sur la rive droite de Caen.

"Le 9 juillet, les Canadiens entrent dans la ville par la Maladrerie et le Chemin-Vert. Les Britanniques viennent d'Hérouville et de Lébisey. Dans les décombres et sous le risque permanent d'être la cible de tireurs embusqués, leur progression est lente. La jonction se fait dans l'après-midi, la rive gauche est libérée."

Le rôle des résistants caennais

Dès la première phase de la Bataille de Normandie, Léonard Gille, alors président du comité départemental de la Libération, tente de structurer ce qu'il reste de la Résistance.

Des habitants passent à côté d'un char Sherman.

© Imperial War Museums

"Le 6 juin, le chaos des bombardements alliés désorganise complètement les réseaux existants. Des résistants meurent ensevelis, d'autres sont contraints d'évacuer avec leur famille. Léonard Gille rassemble autour de lui un groupe de volontaires et crée la compagnie des Forces françaises de l'intérieur, qu'il baptise du nom de Fred Scamaroni, héros de la Résistance, passé par Caen avant-guerre, mort à la citadelle d'Ajaccio en mars 1943 à la suite de son arrestation et qui se suicida plutôt que de parler sous la torture ."

Le 9 juillet, ces combattants FFI rejoignent les unités alliées pour les informer et les guider.

"La "Scama" va compter jusqu'à une centaine de membres. Ils connaissent les lieux par cœur et sont de toutes les patrouilles pour guider les unités. Ils jouent un rôle essentiel dans la bataille qui s'engage pour libérer le reste de la ville."

La rive droite libérée

Le 18 juillet, Montgomery lance avec l'opération Goodwood un vaste déploiement de chars à l'est de Caen. Malgré l'appui de l'aviation, les divisions blindées n'avancent que de quelques kilomètres et les pertes sont importantes. Cette vaste offensive n'aboutit pas sur la percée escomptée mais dans le même temps, l'opération Atlantic menée par les unités canadiennes permet de libérer la rive droite de Caen des dernières défenses allemandes.

Le 19 juillet, les occupants se replient vers Bourguébus.

"Après la libération complète de la ville, les effectifs de la "Scama" vont rapidement décroître, conclut l'historien. Ce sont des habitants, résistants de l'ombre, anciens des équipes d'urgence ou de la Croix rouge qui, pour la plupart, ont décidé de prendre les armes sans avoir de formation militaire. Ils retournent donc majoritairement à la vie civile, quelques-uns s'engagent dans l'armée régulière française."

Les anciens de la compagnie Fred Scamaroni se retrouveront souvent, chaque 9 juillet, place Monseigneur-des-Hameaux, pour commémorer "le premier lever des couleurs du drapeau tricolore qui eut lieu, dans les faits, au lendemain de la Libération de la rive gauche le 10 juillet 1944".

Le Caen mag de l'été est en ligne !

Extrait des pages du Caen mag 234

Caen mag vous invite à vivre un été olympique. Découvrez-le en ligne avant tous les vacanciers ! 

80e anniversaire de la Libération de Caen - découvrir Lisez-moi !
CAENmag_234_planche_pdf
Caen mag n°234 // Juillet-Août 2024
 - Publié le 08/07/2024

Au sommaire :

  • Dossier : La nature pour protéger la ville
  • Ma Ville fait l'actu : Caen accueillera le musée de la fondation Gandur pour l'art
  • Dans mon quartier : Nature et sport dans le même panier
  • Talent caennais : Juliette Jouan, naturelle à l'écran comme à la scène
  • Histoire : « Les Caennais ont participé à la libération de leur ville »
  • Neuf pages Guide de l'été
  • Une page de mots croisés et une grille supplémentaire à télécharger ici !

80e : un espace dédié sur le site

Pour ne rien manquer des commémorations, du programme événementiel, des sujets d'histoire et de réflexion et de toutes les informations pratiques liées au 80e anniversaire de la Libération de Caen, précipitez-vous sur les pages spéciales du site : 

80e anniversaire de la libération de Caen : le programme des commémorations

80è anniversaire de la Libération de Caen

"À Caen, nous connaissons le prix de la liberté." 

Pour commémorer le 80e anniversaire de la Libération de Caen, la Ville propose des temps forts de janvier à août 2024 et invite les habitants à se rassembler et à vivre ensemble ce moment historique.

EDIT : le programme définitif et détaillé est mis en ligne.

80e anniversaire de la Libération de Caen - découvrir
148x210_Programme80e_WEB_pdf
Programme 80e Anniversaire de la Libération de Caen
 - Publié le 27/07/2024

Les commémorations 

© François Decaens

Les cérémonies du Souvenir liées à la Libération de Caen honorent la mémoire des civils et des militaires tombés en 1944 pour la Liberté. 

Chacune de ces commémorations a sa propre signification et son histoire. 

Journée internationale de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité

27 janvier 2024

Cette commémoration rend hommage aux otages caennais déportés à Auschwitz à la suite de déraillements de trains organisés par la résistance. La cérémonie se tiendra en présence de citoyens allemands

Cérémonie britannique du Souvenir

5 juin - Jardin britannique, Mémorial de Caen, 14h30

Le Jardin britannique du Souvenir a été inauguré en 2004 par Charles III, alors prince de Galles. Il honore la mémoire de tous les sujets britanniques qui participèrent au Débarquement et à la Libération de Caen, en particulier la Royal Air Force, la Royal Navy et les civils de la marine marchande

© François Decaens

Cérémonie de la transmission 

6 juin - Mémorial de Caen, 10h45

L'Abbaye-aux-Hommes fut un îlot sanitaire pour de nombreux civils caennais en 1944. La Ville de Caen a donc fait le choix d'organiser une grande cérémonie de la transmission regroupant vétérans, témoins de l'époque et élèves de Caen, sur l'esplanade du Mémorial. 

La musique et les chants seront assurés par le Conservatoire de Caen et les élèves caennais. 

Cérémonie canadienne du Souvenir

7 juin - Jardin canadien du Souvenir, Mémorial de Caen, 14h30

Lieu inspirant le recueillement, le Jardin canadien du Souvenir a été créé en 1995. Sur le muret figurent les noms des 122 communes normandes qui ont été libérées par des soldats canadiens auxquelles s'ajouteront une trentaine de ville de l'ex Haute-Normandie. 

© Alice Pasqualotti

Rencontre vétérans britanniques

7 juin - Hôtel de Ville

Moment fort des commémorations, de jeunes Caennais auront l'opportunité d'échanger avec des vétérans britanniques accueillis comme chaque année à l'hôtel de ville. 

Accueil vétérans américains

10 juin - Hôtel de Ville

Réception privée. 

© François Decaens

Cérémonie de Libération de la rive gauche de Caen

9 juillet - Place Monseigneur-des-Hameaux, 16h

Un hommage particulier sera rendu à Marcel Ouimet. Reporter de guerre envoyé par Radio-Canada, il débarque sur la plage de Bernières-sur-Mer avec le régiment de la Chaudière le 6 juin 1944 à tout juste 29 ans. Du Jour J sur les plages de Normandie jusqu'à la capitulation de l'Allemagne nazie en mai 1945, Marcel Ouimet couvre tout au jour le jour.

Il suivra notamment la libération de Caen, celle de Paris et entrera même dans le bunker d'Hitler. 

Cérémonie de Libération de la rive droite de Caen

19 juillet - Stèle des Canadiens, rue d'Auge, 16h

Hommage aux 22 régiments canadiens qui ont libéré la ville de Caen et ses faubourgs. 

Les expositions 

Joséphine Baker, libre et engagée

Du 15 juin au 3 novembre 2024, Abbaye-aux-Hommes, salle du Scriptorium 

Cet été, la salle du Scriptorium accueillera, en partenariat avec Paris-Match, une exposition exceptionnelle consacrée à Joséphine Baker

Décidée en 2021 par Emmanuel Macron, président de la République, l'entrée solennelle au Panthéon de Joséphine Baker a mis en lumière les multiples facettes du parcours de cette artiste née américaine, mais qui avait choisi la France avant de s'engager dans la Résistance, la défense de l'égalité des droits et la protection des plus faibles

En une quarantaine de photographies légendées par la rédaction du magazine Paris-Match, l'exposition photographique aura pour ambition de mieux faire connaitre, par-delà les stéréotypes, l'une des figures les plus attachantes de l'histoire contemporaine.

Panorama Caen d'après-guerre

Du 15 juin au 3 novembre 2024, Abbaye-aux-Hommes

Originaire de Caen, Romain Stepkow a lancé sa page Facebook "Caen après-guerre en 3D" en 2014. Il proposera, à l'Abbaye-aux-Hommes, un panorama circulaire colorisé de la ville de Caen en 1948 réalisé notamment à partir de plaques de verres conservées aux archives municipales. Chacun pourra ainsi regarder la ville après-guerre depuis le haut de l'église Saint-Jean.

Le Pavillon de la Résistance 

Du 29 mai au 26 juin Église Saint-Sauveur-le-Vieux

L'église du Vieux-Saint-Sauveur accueillera une exposition liée à la BD Les enfants de la Résistance. Elle propose aux jeunes lecteurs une plongée dans les années 1940 au cœur de la France occupée et traite notamment du thème de la résistance française vue et vécue par 2 enfants habitant en zone occupée. L'exposition est proposée dans le cadre du salon du livre Époque

Les concerts et bals

Concert "Sing for peace"

9 juin, Abbatiale Saint-Étienne

Concert pour la mémoire

9 juillet, Abbatiale Saint-Étienne

Bal de la Libération de la rive gauche

9 juillet 

Bal de la Libération de la rive droite

19 juillet

Les conférences

"Plus jamais ça", le poids de l'histoire sur la jeunesse franco-allemande

27 janvier 2024 - Bibliothèque Alexis-de-Tocqueville, 9h30 

Elle sera accompagnée d'une conférence et débat sur le thème "Plus jamais ça, dialogue franco-allemand sur l'avenir des commémorations et des mémoires de la déportation". 

Cycle de conférences 

14 juin 2024 - Hôtel de Ville

  1. "Le parcours de Marcel Ouimet et le rôle des Canadiens pendant la bataille de Normandie" par  Jean-Baptiste Pattier.
  2. "Les services de secours intervenus pendant la bataille de Normandie du 6 juin au 29 août 1944" par Louise Stefavonic.

Les projets participatifs 

© Ville de Caen / J.-Ch. Lorieux

Grande collecte d'archives 

La Ville lance une collecte d'archives personnelles auprès de tous les Caennais, sur la période 1938-1963. L'objectif ? Réunir un maximum de documents, objets et photographies pour conserver la mémoire de cette époque. 

Contact : dc.archives@caenlamer.fr. Soumettre votre proposition de don en ligne.

Court-métrage participatif

La Ville et le Kino Caen lancent un projet de court-métrage participatif sur le thème de la Libération de Caen

4 films (1 par pôle de vie de quartier) seront réalisés pour créer un court-métrage d'une dizaine de minutes. Les premiers ateliers d'écriture avec les habitants souhaitant s'investir dans le projet (scénario, tournage, costumes...) seront organisés entre le 31 janvier et le 21 février 2024.

Le résultat : un court-métrage de fiction (durée 18mn) suivi d'un making-of du projet (durée 15mn), réalisés aveec les hbaitants de Caen. 

  • Découvrez le résultat en avant-première les 9 et 19 juillet.

L'histoire de Caen cousue main

La couturière Christelle Barré travaille depuis plusieurs semaines à la réalisation d'une copie du célèbre « drapeau de la Bataille de Caen », deuxième drapeau tricolore à avoir flotté sur la ville en juillet 1944.

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© Ville de Caen / J. Urvoy

Commandée par la Ville, cette reproduction rejoindra bientôt l’exposition permanente Caen, un été 44, située dans l'Abbaye-aux-Hommes

« J’essaie de coller au plus près de l’original, dans l’esprit d’un fac-similé, même si on ne pourra pas le reproduire à l’identique, précise Christelle Barré. Ce ne sont pas des fils des années 40, le tissu est différent, les teintures ne sont plus les mêmes… Il faut forcément adapter avec les matériaux d’aujourd’hui. » 

Les défauts de l'original seront reproduits (déchirures, tâches, endroits rapiécés...), avant un travail de patine pour donner un effet vieilli aux tissus. "Il faut lui donner un peu de bouteille !

© Ville de Caen / J. Urvoy

Jeu de patience

La réalisation de l’ouvrage, d’une surface de 4,35 x 2,90 mètres et composé de 45 lettres et chiffres brodés, demande beaucoup de patience. 

« Il me faudra environ un mois de travail. C’est difficile à tous les niveaux, mais c’est aussi ce qui rend le projet intéressant, sourit Christelle Barré. Il y a des journées où j’ai des sueurs froides et d’autres avec un côté très paisible, presque méditatif, notamment quand je brode les lettres. »

Propriété de la Ville de Caen, l’original du drapeau, très fragile, est conservé dans les réserves du Mémorial de Caen

Original du drapeau de la Bataille de Caen.

© Ville de Caen / F. Decaëns

Perdu et retrouvé... en 2014 !

Le tout premier drapeau tricolore à avoir flotté sur Caen durant la bataille a été hissé le 9 juillet 1944, place Monseigneur-des-Hameaux. Volé durant la nuit ou au cours de la journée suivante, il a été remplacé par un deuxième drapeau similaire mais placé cette fois-ci sous haute surveillance.

Ce « drapeau de la Bataille de Caen » a ensuite été hissé tous les ans à chaque anniversaire de la Libération de la rive gauche. Légué à la Ville par l’association « Ceux de la Bataille de Caen », le drapeau fut conservé aux archives municipales avant de disparaître au début des années 1990.

Retrouvé par hasard par les équipes municipales en 2014 dans les collections du Mémorial de Caen, le drapeau fut authentifié par les derniers survivants de la Bataille de Caen, dont Janine Hardy (couturière dudit drapeau), Jean-Marie Girault, Chantal Rivière, André Heintz et Jacques Duchez.

Bernard Duval, passeur de mémoire

Portrait de Bernard Duval

À 98 ans, le résistant et ancien déporté Bernard Duval porte haut le devoir de mémoire. Auteur d’un livre où il confie son histoire, il fut aussi pendant plus de 20 ans l’un des principaux témoins à se déplacer dans les établissements scolaires de Normandie.

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Contre l’oubli, poursuivre la transmission

Nombreux sont les écoliers, collégiens et lycéens normands à avoir déjà croisé la route de Bernard Duval. Pendant plus de 20 ans, le résistant et ancien déporté a eu à cœur de témoigner auprès des plus jeunes des horreurs de la guerre et des camps de concentration. 

« Je remercie les professeurs d’histoire qui m’ont permis d’avoir ces échanges avec les élèves. J’ai eu des retombées merveilleuses ! On sentait qu’ils suivaient, qu’ils participaient… Souvent, les enseignants me disaient qu’ils auraient bien aimé avoir des salles de classe aussi studieuses ! » Modeste, le nonagénaire souligne qu’il « ne faisait que raconter sa vie ». 

Une vie marquée par la Seconde Guerre mondiale, de son entrée dans la Résistance à sa déportation. « Le témoignage que nous apportons, c’est une promesse tenue. On parle à titre posthume pour ceux qui ne sont pas revenus. Ce sont eux qui, à travers ma voix, racontent ce qu’ils ont souffert. Ils nous disaient : "Tu diras ce qu’ils nous ont fait, ces salauds-là". »

Premières années
19 mai 1925
Naissance

Naissance à Caen, rue du Gaillon.

Premières années
Juin 1940
L'occupation

Début de l’occupation allemande de la ville. Pour Bernard, dont le père est un ancien poilu, c’est un affront. « De savoir que 20 ans après, tous les sacrifices de la guerre 1914-1918 étaient réduits à néant… Je ne l’ai jamais accepté. » Dès le début, il s’associe à plusieurs amis du quartier Saint-Julien et s’oppose à la présence allemande. « On s’attaquait à leur propagande en déchirant les affiches. » Confortée par l’appel du général De Gaulle, la bande réalise même sa propre propagande qu’elle diffuse épisodiquement.

La Résistance
Septembre 1941
Premier acte de résistance

Après deux ans de formation en menuiserie, Bernard Duval trouve un poste d’ouvrier chez les Établissements Doré. « L’entreprise était réquisitionnée par l’occupant, qui montrait son vrai visage. Il y avait eu beaucoup d’arrestations. » Le jeune homme de 16 ans doit travailler à la construction de portes en bois pour les cellules de la Maison d’arrêt de Caen. 

Envoyé sur place pour procéder à l’installation, il croise le regard d’un détenu. « C’était André Michel, un peintre-décorateur que je connaissais bien ! » Discrètement sollicité, par le biais d’un autre prisonnier, Bernard Duval accepte de transporter clandestinement deux lettres malgré les risques encourus s’il se fait prendre lors des fouilles menées par les sentinelles allemandes. « Je les avais cachées à l’arrière de mes chaussettes. On était en hiver, il faisait froid mais je transpirais à grosses gouttes ! Cela aurait pu me trahir. » Il réussit finalement à sortir porter les missives… et revient même avec une réponse. 

C’est là le premier acte de résistance de Bernard Duval car, sans le savoir, il vient d’aider le chef local du réseau de résistance Hector.

La Résistance
Début 1942
Missions d'espionnage

Enrôlé par son ami Bernard Boulot, le jeune homme rejoint le réseau d’obédience communiste du Front national début 1942. Ensemble, ils sont chargés d’espionner les travaux de construction et de fortification entre Asnelles et Ouistreham. « Nous nous déplacions à vélo, sous prétexte d’aller chercher de la nourriture auprès des fermiers du coin. » Le stratagème fonctionne jusqu’en mars 1944.

Arrestation et emprisonnement
10 mars 1944
L'arrestation

Attrapé et torturé, l’un des membres du réseau passe aux aveux. « J’ai été le dernier arrêté. Deux officiers français sont venus chez moi. Ma mère a tout de suite compris et m’a dit de filer par le jardin. Mais je ne voulais pas la laisser dans les mains de la Gestapo. » Bernard Duval est conduit rue des Jacobins, au siège de la Gestapo. Il y est torturé par un officier allemand, Albert, qui lui inflige de nombreux sévices corporels avant de lui promettre qu’il « sera fusillé ». « Je ne pouvais plus marcher, je ne sais pas comment j’ai fait pour descendre l’escalier. » 

Le résistant est envoyé à la Maison d’arrêt de Caen où, ironie du sort, il est incarcéré derrière l’une des portes qu’il a contribué à installer.

Arrestation et emprisonnement
20 mai 1944
Le dernier convoi

Bernard Duval fait partie du dernier convoi à quitter la Maison d’arrêt de Caen, quelques jours seulement avant le Débarquement. Paradoxalement, ce départ vers les camps de concentration lui sauve la vie : les prisonniers restants sont fusillés le 6 juin 1944.  

La Déportation
4 juin 1944
« C’est terrible, la soif »

Après une première étape au camp de Royallieu, Bernard Duval et son ami Bernard Boulot, sont conduits dans une gare de marchandises où ils prennent place dans des wagons à bestiaux. « C’était en juin, il faisait très chaud. Le trajet a duré trois jours et demi, sans boire ni manger. Il y a eu des morts, des gens sont devenus fous… c’est terrible, la soif. » 

Le train arrive enfin en Allemagne, au camp de Neuengamme. Les survivants sont répartis en deux files - « les SS disaient "à droite" ou "à gauche". On ne sait pas ce que sont devenus ceux de la colonne de droite. » - puis déshabillés, rasés et menés sous des pommeaux de douche. « C’était une eau bienfaitrice après tout ce temps sans boire. Elle était sale mais on ne pouvait pas se retenir. » Bernard intègre le Bloc 12, un bloc de quarantaine prévu pour 200 déportés et qui en accueillera 400. 

La Déportation
2 juillet 1944
Le camp de Sachsenhausen

Un nouveau transfert conduit Bernard Duval au camp de Sachsenhausen, où il restera près d’un an. Les prisonniers sont mobilisés pour l’effort de guerre allemand. « Je devais confectionner une couronne dentée pour les boîtes de vitesse des chars Panthère. C’était une aberration ! Ils nous faisaient travailler sur les armes qui allaient être utilisées contre ceux qu’on espérait voir nous libérer ! » Alors le prisonnier sabote son travail, lorsqu’il le peut, en desserrant sa pièce pour la faire ripper. « C’était la peine de mort si cela se savait… mais ils ne l’ont jamais détecté ! » sourit-il avec un clin d’œil malicieux.

La Libération
25 et 26 avril 1945
La Libération du camp par les Russes

Face à la progression de l’armée russe, les allemands quittent le camp. Une première brèche dans le mur d’enceinte permet aux déportés affamés de se ruer sur un silo de betteraves rouges crues situé dans un bâtiment agricole à proximité. « Ce n’était pas très recommandé mais on avait tellement faim… on ne pouvait pas résister. » Les combats faisant rage, Bernard Duval et Bernard Boulot décident de revenir au camp pour la nuit. 

Le lendemain, les Russes prennent le lieu. « Avec les autres déportés, nous nous sommes précipités vers eux et nous les avons soulevés, malgré nos peu de forces ». 

Libres, Bernard et six camarades prennent la direction de la France, aidés d’une boussole et d’un réveil. Le trajet du retour sera long. Malgré leur faiblesse physique – Bernard Duval avait perdu 20 kg, son ami Bernard Boulot n’en pesait plus que 35 –, le groupe parvient à parcourir 140 km à pied : « nous étions tellement faibles, on faisait des pauses et on mangeait ce que l’on trouvait dans les champs, les fermes… » 

C’est sur la route qu’ils apprennent la fin de la guerre, le 8 mai 1945

La Libération
5 juin 1945
Retour à Caen

Désinfectés – « on était couverts de puces, parasites, insectes… » – puis rapatriés en France par les Alliés, les deux Caennais découvrent les avis de recherche réalisés par leurs familles. « C’était un grand soulagement. Nous avions appris pour le Débarquement dès le 6 juin 1944, mais n’avions eu aucune information depuis. Nous étions très inquiets, je ne savais pas ce qu’étaient devenus mes parents. ». Les amis peuvent enfin envoyer un télégramme à leurs proches. Il passe une nuit au Lutetia, hôtel parisien réquisitionné par l’armée française pour accueillir les déportés. « On nous a conduit dans une chambre capitonnée, avec des draps blancs. Nous n’avons pas osé les salir, on a dormi sur la descente de lit ! » 

Leurs chemins se séparent le 5 juin 1945, lorsque Bernard Boulot reste chez un oncle à Paris tandis que Bernard Duval prend le train pour Caen. « J’aurais voulu rentrer avec mon copain. D’autant que la première personne que j’ai vue était son père, qui travaillait à la SNCF. Il était déçu de ne pas le voir. »  C’est l’heure des retrouvailles tant attendues avec sa famille : « de tels instants d’émotion ne peuvent s’exprimer, ils se vivent intensément, les regards perlés de larmes. » 

Il faudra plus de six mois à Bernard pour récupérer un minimum de santé, grâce aux bons soins de sa mère et au suivi d’un médecin. 

Témoigner
2024
Passeur de mémoire

La vie reprend son cours mais Bernard « se souvient de tout. Je vois encore leurs visages… » À l’aune du 80e anniversaire de la Libération de Caen, il continue inlassablement son travail de passeur de mémoire « en souvenir d’une époque où il était difficile de survivre et en mémoire de ceux d’entre nous, hélas si nombreux, qui n’ont pas eu la chance de sortir vivants de cet enfer nazi. »

Témoigner

Collecte d'archives 1938-1963 : à vos dons !

Collecte d'archives période 1938-1963

Dans le cadre du 80è anniversaire de la libération de Caen, le Centre de Ressources Archives et Documentation lance une nouvelle collecte d'archives sur la période 1938-1963.

La collecte est ouverte jusqu'au 15 octobre 2024.

Archives 80e anniversaire de la Libération de Caen - découvrir

Proposer un don aux archives de Caen et de Caen la mer

Vous ou vos proches possédez des archives concernant l'occupation de Caen, l'été 44 et la libération de la Ville

Vous ou vos proches avez été témoins de la Reconstruction ? Partagez votre mémoire et confiez vos documents personnels ou familiaux pour la postérité. 

Si vous souhaitez déposer vos archives à la Ville de Caen et à la Communauté urbaine Caen la mer, nous vous proposons, au choix, de :

Les archives vous proposeront ensuite un rendez-vous physique.

Bon à savoir : les archives possèdent un scanner haute définition, vous pourrez ainsi offrir une numérisation de vos documents sans vous départir des originaux si tel est votre souhait.

Date de dépublication
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