9 juillet 1944 : "Les Caennais ont participé à la libération de leur ville"
Initialement prévue dès le 6 juin 1944, la reconquête de Caen faisait partie des objectifs majeurs des Alliés. Il faudra finalement plus de six semaines aux forces britanniques et canadiennes pour parvenir à libérer la ville, libération dans laquelle les résistants caennais ont joué un rôle.
Dans l'après-midi du 6 juin 1944, les troupes britanniques et canadiennes fraîchement débarquées ont un objectif majeur à atteindre : Caen, principal nœud de communication de la Normandie. Mais leur avancée est bientôt stoppée par une défense d’acier.
"Les renforts allemands sont arrivés très vite avec notamment deux divisions blindées, la 21e Panzer et la 12e SS Panzer qui ont eu le temps de se positionner sur des points d’accès et lieux stratégiques afin de verrouiller l'ouest et le nord de la ville, explique l’historien caennais Stéphane Simonnet. Pendant les semaines qui suivent, les offensives de Montgomery ne font que de se heurter à ce mur."
L'opération Charnwood, décisive
Le chef du 21e groupe d'armées harcèle les positions allemandes et tente plusieurs "mouvements tournants", mais rien n'y fait. Les Alliés restent bloqués. Près d'un mois après le Débarquement, les 4 et 5 juillet, les Canadiens parviennent à s'emparer de Carpiquet, l'aérodrome reste cependant aux mains des Allemands.
"Le 7 juillet, l'État-major allié abandonne les manœuvres de contournement pour revenir à une attaque frontale sur Caen. L'opération Charnwood est préparée par un bombardement massif du nord de la ville. Sur une zone de 6 km², 450 bombardiers vont déverser le soir-même 2 500 tonnes de bombes."
Le bombardement aérien fait subir de lourdes pertes humaines et matérielles aux forces allemandes. "Il n’épargne pas non plus la population : plus de 300 civils caennais sont tués."
Le 8 juillet, au petit matin, trois divisions d'infanterie alliée soutenues par des blindés s'engagent au sol. Les combats sont acharnés et obligent les Allemands à se replier sur la rive droite de Caen.
"Le 9 juillet, les Canadiens entrent dans la ville par la Maladrerie et le Chemin-Vert. Les Britanniques viennent d'Hérouville et de Lébisey. Dans les décombres et sous le risque permanent d'être la cible de tireurs embusqués, leur progression est lente. La jonction se fait dans l'après-midi, la rive gauche est libérée."
Le rôle des résistants caennais
Dès la première phase de la Bataille de Normandie, Léonard Gille, alors président du comité départemental de la Libération, tente de structurer ce qu'il reste de la Résistance.
"Le 6 juin, le chaos des bombardements alliés désorganise complètement les réseaux existants. Des résistants meurent ensevelis, d'autres sont contraints d'évacuer avec leur famille. Léonard Gille rassemble autour de lui un groupe de volontaires et crée la compagnie des Forces françaises de l'intérieur, qu'il baptise du nom de Fred Scamaroni, héros de la Résistance, passé par Caen avant-guerre, mort à la citadelle d'Ajaccio en mars 1943 à la suite de son arrestation et qui se suicida plutôt que de parler sous la torture ."
Le 9 juillet, ces combattants FFI rejoignent les unités alliées pour les informer et les guider.
"La "Scama" va compter jusqu'à une centaine de membres. Ils connaissent les lieux par cœur et sont de toutes les patrouilles pour guider les unités. Ils jouent un rôle essentiel dans la bataille qui s'engage pour libérer le reste de la ville."
La rive droite libérée
Le 18 juillet, Montgomery lance avec l'opération Goodwood un vaste déploiement de chars à l'est de Caen. Malgré l'appui de l'aviation, les divisions blindées n'avancent que de quelques kilomètres et les pertes sont importantes. Cette vaste offensive n'aboutit pas sur la percée escomptée mais dans le même temps, l'opération Atlantic menée par les unités canadiennes permet de libérer la rive droite de Caen des dernières défenses allemandes.
Le 19 juillet, les occupants se replient vers Bourguébus.
"Après la libération complète de la ville, les effectifs de la "Scama" vont rapidement décroître, conclut l'historien. Ce sont des habitants, résistants de l'ombre, anciens des équipes d'urgence ou de la Croix rouge qui, pour la plupart, ont décidé de prendre les armes sans avoir de formation militaire. Ils retournent donc majoritairement à la vie civile, quelques-uns s'engagent dans l'armée régulière française."
Les anciens de la compagnie Fred Scamaroni se retrouveront souvent, chaque 9 juillet, place Monseigneur-des-Hameaux, pour commémorer "le premier lever des couleurs du drapeau tricolore qui eut lieu, dans les faits, au lendemain de la Libération de la rive gauche le 10 juillet 1944".